dimanche 3 janvier 2016

Santa Cruz



Cet été, celle qui aura ravi la vedette au bleu azur de la corniche oranaise aura été, sans conteste, la grande citadelle de Santa Cruz construite par les Espagnols au XVIe siècle.

Chapelle Santa Cruz Oran
Chapelle Santa Crouz
Devenue ces dernières années une escale obligée pour tous les visiteurs d’Oran, cette citadelle attire autant de visiteurs au printemps, mais également en été, seule période durant laquelle des centaines d’émigrés profitent de leur séjour pour s’y rendre. L’un des aspects recherchés par certains qui viennent au pays c’est ce côté spirituel de certains marabouts. Santa Cruz, ou comme se plaisent à l’appeler les Oranais,«la Sainte Croix protégeant la ville d'Oran», perchée sur sa colline, surplombe le port, entourant la ville d’un cercle protecteur qui veille sur elle, jour et nuit. Santa Cruz est un fort militaire construit réellement par les militaires espagnols lors de leur conquête d'Oran au XVIe siècle (300 ans d'occupation) connu pour sa position stratégique en surplombant la ville à 400 m de haut sur le mont du Murdjadjo. Il offre un panorama unique sur le port militaire de Mers-el-Kebir. Le visiteur est impressionné par son architecture et sa bâche d'eau qui se remplit de pluie avec un système de distribution. Plus bas, la chapelle de la Sainte Vierge, lieu de pèlerinage catholique, suscite la curiosité et l’émerveillement lorsqu’on conte la traversée de la statuette de la Sainte Vierge. L’histoire des lieux raconte que c’est l'évêque d'Oran qui a pris l'initiative de mener en procession la statue de la Vierge suivie par toute la ville jusqu'au sommet de la colline d'Oran, lors de la terrible épidémie de choléra, dans les années 1847 à Oran, pour mettre la ville sous protection. Toute la foule implorait la Sainte Vierge pour la voir ramener la pluie par sa bonté. Suite à cette procession, la pluie se mit à tomber à nouveau et le choléra quitta la ville d'Oran ainsi que la région. En hommage à ces miracles, une chapelle fut construite sur la colline au pied du fort de Santa Cruz. Tout en écoutant cette histoire durant le trajet, une fois arrivée en voiture au niveau du fort de Santa Cruz, le guide, souvent un connaisseur des lieux, invite les visiteurs à emprunter à pied une piste de quelques centaines de mètres, une sorte de pente raide qui permet la découverte des lieux empreints d’émotion pour accéder enfin à ce lieu idyllique. Une plaque, apposée sur la porte d'entrée, indique que le fort espagnol, datant du XVIe siècle, a été restauré par les militaires français en 1860. La vue est imprenable et l’on a l’impression qu’Oran vous appartient et l’on sent que la ville est à nos pieds. Durant l’été, ce sont les émigrés qui affluent nombreux vers ce lieu à la recherche de spiritualité, mais également de prise de photos souvenir. Ils peuvent ainsi s’enorgueillir que l’endroit en question se situe bien en Algérie et semble bien conservé. Ce qui constitue d’ailleurs l’un des objectifs de l’association Bel Horizon qui procède à des campagnes de volontariat sur le site de Santa Cruz et à un travail de sécurisation des lieux. Son travail ne se limite pas à cela. Elle œuvre pour la restauration des lieux et n’hésite pas, lorsqu’il le faut, à recourir à la justice dès qu’il s’agit d’atteinte au patrimoine culturel. S’appuyant sur la loi, elle n’hésite pas à déposer plainte contre X, en se constituant partie civile conformément à l’article 91 de la loi 98-04 du 15 juin 1998 qui stipule : «Toute association légalement constituée, qui se propose par ses statuts d’agir pour la protection des biens culturels, peut se constituer partie civile, en ce qui concerne les infractions de la présente loi.» Ainsi son premier dépôt de plainte a eu lieu le 3 mai 2003, au niveau de la gendarmerie, pour détérioration et subtilisation de la pierre de taille du fort de Santa Cruz. C’est dire que la splendeur des lieux et des vestiges attire non seulement des admirateurs mais également des voleurs qui n’ont de cesse de subtiliser des objets de grande valeur de ces lieux ne laissant derrière eux que perte et désolation.

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